Le contraire de la pleine conscience, c’est (en pas très grave) :

  • s’apercevoir qu’on est rentré chez soi sans s’en rendre compte, en pensant à autre chose ; nos jambes ou notre voiture ont trouvé le chemin sans nous ; parfois aussi, ce même mécanisme de pilotage automatique nous amène devant le bureau de poste alors que nous pensions aller à la boulangerie ;
  • Ne plus se souvenir où on a posé ses clés et ses lunettes et les chercher pendant des heures ;
  • Manger devant la télévision, téléphoner en conduisant, faire son footing avec de la musique forte dans les oreilles.

Le contraire de la pleine conscience, c’est aussi (en un peu plus grave) :

  • Après s’être disputé avec quelqu’un au téléphone, raccrocher et se jeter dans une autre activité, sans prendre le temps de respirer et de réaliser dans quel état de colère ou de tristesse on se trouve ;
  • Ruminer ses soucis ordinaires alors qu’on est avec des amis ou avec sa famille, et ne pas être mentalement présent (seul notre corps est là) à tout ce qui se passe de doux ou de joyeux autour de nous ;
  • Ne pas écouter les personnes qui nous parlent, parce que nous ne sommes pas d’accord avec elles, et juste préparer notre réponse ou nos arguments ;
  • Ne jamais ouvrir les yeux sur la chance qu’il y a à être vivant sur cette terre, même éclopé, même malade, même souffrant.

Le contraire de la pleine conscience, c’est enfin (en très grave) :

Passer devant un beau ciel, ou entendre un chant d’oiseau, le noter, se dire vite fait que c’est beau, mais ne pas s’arrêter et continuer sa marche en avant ;

Lire une histoire à son enfant avant qu’il ne s’endorme, en se dépêchant et en surveillant l’heure du coin de l’œil, parce qu’on a plein de trucs à faire ensuite ce soir-là.

Dans tous ces instants, nous passons à côté de ce qui importe dans nos vies. Dans tous ces instants, nous sommes en « pleine absence ». Absents à ce que nous sommes en train de faire, absents à ce que nous sommes en train de ressentir, absents à ce que nous sommes en train de vivre.

Parfois, c’est simplement parce que nous sommes distraits (nos vies modernes sont pleines de distracteurs). Parfois, c’est à cause de la souffrance que nous quittons ainsi mentalement la vie : nous nous recroquevillons alors sur notre douleur, qu’elle vienne du corps ou de l’âme, et nous nous fermons à tout le reste de notre existence. Nous ne sommes plus que dans la souffrance, il n’y a plus que la souffrance dans notre conscience recroquevillée et rétractée.