À l’inverse, nous sommes en pleine conscience à chaque fois que notre esprit est parfaitement présent à ce que nous sommes en train de vivre, parfaitement, intensément et calmement présents. Sans chercher à contrôler, juste à ressentir et contempler ce qui est là.

Parfois, cela s’accompagne d’un sentiment de calme et de bien-être. Parfois non, cette présence nous aide simplement à voir que nous souffrons, mais aussi à héberger cette souffrance (que faire d’autre ?) sans la rejeter ni se laisser submerger par elle.

Lorsque nous sommes en pleine conscience, nous ne nous jetons pas sur le désir de réfléchir ou d’agir. La compréhension et l’action viendront ensuite. Nous commençons par observer, ressentir, vivre pleinement l’instant présent, ici et maintenant.

Donc, pour reprendre nos exemples, être en pleine conscience, c’est :

  • Régulièrement prêter attention à ce que nous faisons lorsque nous rentrons chez nous ; marcher ou conduire sans écouter la radio, sans téléphoner.près s’être disputé avec quelqu’un au téléphone, ne pas se jeter ensuite dans une autre activité, mais prendre le temps de respirer, de réaliser dans quel état de colère ou de tristesse on se trouve.
  • Ne pas se laisser absorber par ses soucis alors qu’on se trouve avec des amis ou avec sa famille. S’attacher à être mentalement présent à tout ce qui se passe de doux ou de joyeux autour de nous.
  • Ecouter les personnes qui nous parlent, même, et surtout lorsque nous ne sommes pas d’accord avec elles.
  • Régulièrement ouvrir les yeux sur la chance qu’il y a à être vivant sur cette terre, même éclopé, même malade, même souffrant ;
  • Chaque fois que nous passons devant un beau ciel, ou entendons un chant d’oiseau, s’arrêter, respirer, sourire ;

Souvent, lorsque je parle ainsi de pleine conscience à mes proches, ils ont un mouvement d’intimidation : « Mais c’est impossible de vivre toujours comme ça, d’être toujours en pleine conscience ! »
Absolument vrai : c’est impossible.

Mais nous n’avons pas à chercher à être en permanence dans cet esprit d’ouverture et de présence. Simplement à y basculer le plus souvent possible.

Nos vies sont des vies d’agitation, de sur sollicitation, d’accélération, de tumulte, des vies où nous sautons d’action en d’action. Puis quand nous sommes fatigués de l’action, pour nous reposer, nous sautons de distraction en distraction (souvent en laissant notre conscience se laisser absorber et contaminer par des écrans : télé, ordinateur, téléphones, consoles, etc.). Enfin, épuisés par ce tapage, nous nous endormons, énervés et assommés. Et nous recommençons le lendemain à mener ces vies de zombis.

Jamais nous ne laissons notre esprit se poser, savourer et comprendre le monde. Jamais nous ne nous arrêtons pour respirer, ressentir, contempler, ne rien faire, pour être en contact avec le monde d’une autre manière.

C’est ce que nous propose la pleine conscience : pas tout le temps, mais régulièrement, entrer en contact avec notre vie sur un autre registre.

La méditation de pleine conscience, contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, ce n’est pas se couper du monde, mais entrer plus fortement en lien avec lui.